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En traversant les âges
17 septembre 2008

Prologue

A l'aube de ses 48 ans, Charles décida de partir pour le nouveau monde: L'Amérique. Non pas pour partir à la recherche d'or et de célébrité, loin de là. Tout d'abord, c'était parce qu'il n'en avait pas besoin, en tant que noble, il avait tout ce qu'il pouvait souhaiter ou presque. C'est surtout pour son corps qui avait cessé depuis quelques années de vieillir, qu'il voulait quitter son nid. En une dizaine d'année, pas une seule ride ne s'était déposée sur sa peau et il gardait depuis un physique d'homme d'une trentaine d'année environ. Dernièrement, il sentait des regards se poser sur lui avec plus de méfiance, il entendait parfois certaines mauvaises langues dire qu'il avait fait un pacte avec le Démon ou d'autres choses relevant des mêmes fantaisies. Il était vrai que pour un homme de 48 ans, il faisait plutôt jeunot, son état physique était au mieux et sa santé s'avérait être tout bonnement intouchable. A cause de tous ces dires, l'aristocrate se remettait en question et il souleva la possibilité de quitter Paris et sa province. Il ne voulait pas que l'on vienne à apprendre son plus grand secret, sinon quoi s'en serait finit de lui. Pour ne pas se compromettre, il trouvait que l'exil était un bel échappatoire. D'ailleurs, la capitale commençait à lui peser, tout n'était que corruption et mensonge, comme partout certainement, mais il espérait en son fort intérieur que l'herbe était plus verte ailleurs.

Le Lycanthrope hésitait de la destination à prendre, il ne voulait pas un pays trop chaud, donc l'Afrique était déjà rayée, mais les grands espaces "froids" ne lui plaisaient pas non plus. Restait donc les pays asiatiques, ou l'Amérique. Il choisit se dernier, sans grande conviction, car d'après ce qu'il avait entendu dire, des choses étranges se passaient dans ces terres au delà de l'océan, tandis qu'au pays du Soleil levant, rien ne leur laissait présager quelques problèmes, certainement parce que personne n'en parlait. Quelqu'un en était il déjà revenu? Certainement, mais après tout, l'Amérique attirait plus les foules et c'était le cas pour Charles. Il espérait y trouver de grands espaces et la liberté, car c'était surtout le fait de devoir toujours se cacher qui lui pesait, il s'était accepté en tant que Lycanthrope grâce à sa mère, mais là n'était pas le problème. Celui-ci résidait dans les humains et leurs préjugés, pourquoi ne pourrait-on pas être différent et pourtant être quelqu'un de bien? Il y avait des exceptions dans tout, mais ça, même les siens ne le comprenaient pas. Le monde dans lequel vivait le Lycan lui semblait pulluler d'injustices, qui pourtant avaient leurs causes, leurs conséquences et ainsi leur place dans l'univers, mais parfois il acceptait mal quelques aléas de la vie.

En son fort intérieur, le noble espérait qu'en Amérique les dégâts engendrés par les hommes ne seraient pas aussi développés qu'en Europe, et même s'il y avait bien peu d'espoir, il voulait croire à cette possibilité, il ne désirait pas retrouver là haut cette sublime mascarade qui se jouait à la cour de Paris. Cette vie en société l'empêchait de vivre comme il l'entendait, mais d'une autre manière, il ne voulait pas quitter les hommes, c'était un paradoxe propre à tous et bien normal. Mais, le nombre inimaginable de ces règles de bienséances lui brûlaient peu à peu son énergie et le rendaient triste, depuis un certain temps, il n'affichait plus ses émotions en public, et de toute manière, en éprouvait-il encore ne serait-ce qu'une once? Il ne le savait plus vraiment lui même. Cela importait il encore? L'apparence semblait la seule chose importante dans ce pays, il fallait être habillé à la mode, qui d'ailleurs changeait à toutes les saisons, on devait faire ses hommages à Monsieur ou Madame sous peine d'avoir de se faire des ennemis, surtout, il fallait aller dans les salons, étaler sa science et se montrer... Toutes ses choses n'avaient guère d'importance aux yeux de l'aristocrate, futilités des hommes qui s'ennuient, ce qui lui plaisait à lui, c'était le savoir qu'il pouvait trouver à l'intérieur des livres, ou simplement de quoi passer son temps en bonne compagnie, il aimait aussi sortir, mais seul le plus souvent, pour se retrouver avec lui même et surtout pas dans les rues de Paris mais dans les forêts qui l'environnaient. Dans des lieux ou la liberté primaire se révélait, ou l'homme quel qu'il soit, puisse s'y rendre et ne pas s'y sentir de trop.

Jamais jusqu'à maintenant il n'avait pu se confier à quelqu'un sur sa situation, personne sauf à sa mère, cependant elle avait rendue l'âme. Il se retrouvait donc seul, enfin non, entouré de ses serviteurs, de quelques "nobles amis", qu'il ne considérait pas comme tel, mais qu'il appréciait cependant. Il y avait aussi toute la clique de courtisans qui menaient bon train autour du roi de France, lui même avait été convié auprès de lui plus d'une fois, il s'était même rendu dans le château de sa Majesté, mais rien ne lui avait plu, sauf peut-être le fait d'avoir prit l'air dans les jardins. Mais cette demeure royale ne serait rien comparé à Versailles, qui sera construit quelques décennies après le départ de Charles, jamais il ne verrait la beauté de ce château, révélant toute la splendeur et l'intelligence d'un roi et de ses conseillés. Il en entendra bien sur parler, mais jamais l'occasion ne se présentera à lui d'aller le visiter et Dieu sait qu'il aurait apprécié la magnifique bibliothèque royale, ainsi que l'architecture.

Non décidément, la vie à Paris ne lui plaisait plus, en fait ce n'était même plus une question de plaisir, son pays tout entier ne lui convenait plus. Il s'y sentait étranger, plus encore ces dernières années, mais il ne savait pas réellement ce qui avait engendré ce changement dans ses pensées. En tous les cas, il avait prit la décision de quitter les lieux. La meilleure manière de se faire oublier à jamais, était de mourir, enfin, de se faire passer pour mort. Ainsi, il n'aurait personne qui lui courrait après, il devrait aussi se débrouiller pour que sa mort paraisse totalement crédible aux yeux de tous, pour qu'on ne tente pas de partir à sa recherche. Après tout, il était noble et fortuné, beaucoup voudraient accéder aux domaines qu'il possédait et à son argent. Il devrait penser sérieusement à une manière de faire. Charles passa plusieurs nuit blanches à élaborer un plan. Il avait de nombreuses idées, mais aucune ne lui convenait vraiment. Finalement il décida de choisir la plus simple de toutes.

Quelques mois après qu'il eût prit sa décision, il embarqua sur un paquebot qui le conduirait jusqu'en Amérique. Avant de partir, il avait tout mit en place, ne lassant aucune trace derrière lui de sa vie nocturne. Il composa son testament, léguant ceci ou cela à quelques "proches", mais gardant discrètement une partie de sa fortune avec lui, ce qui lui permettrait de se refaire une nouvelle vie sans trop de souci.

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